Mon année 2004 a été presque entiérement consacrée aux Dalton.

Je devais travailler sur les effets spéciaux durant l'été mais L'EST a décidé de m'appeler dés le début de l'année pour participer aux prévsualisations.

On a passé en revue plusieurs types d'effets demandant de la recherche, surtout l'effet de bouclier généré par le chapeau magique qui doit protéger El Tarlo.

Après un break de quelques semaines on a pu enfin commencer. Les effets étant partagés avec deux autres sociétés Mikros et Eclair.

Les Dalton, pour moi ça a été plutôt très plaisant, travailler chez L'EST est très agréable et la grande variété des effets y était très importante. On passe d'incrustes a des animations 2D et 3D: des effets de fumées, des cacahuètes, des animes cartonnesques et des petits éffacages faciles.

Sur ce plan des plumes de pigeon, par exemple, trois ou quatre plumes virevoltaient mollement dans l'air Philippe Haim, le réalisateur, a voulut donc multiplier le nombre de plumes a l'image.

J'ai pris de vraies plumes filmées en fixe devant un fond bleu et je les ai incrustées en animant les trajectoires de descentes. J'ai profité d'une ombre sur le faisceau de lumière venant de la fenêtre pour y caler une de mes plumes.

L'idée du "coin fumeur" était une idée marrante et intrigante à la fois. Comment allait faire le type qui serait chargé de truquer ça ? Et quand j'ai su que le "type" ce serait moi, je me suis gratté la tête un petit moment avant d'imaginer la méthode a employer.

En lisant le scénario on pouvait imaginer plein de possibilités mais une fois le plan tourné on a enfin un support concret sur lequel s'appuyer.

J'ai commencé à imaginer une fumée 3D, un rideau de particules qui s'écarteraient sur le passage du gars avec des collisions qui les repousserait en même temps. Mais quand j'ai vu les résultats de mes particules, leur temps de calcul et le rendu pitoyable que cela donnait, j'ai su qu'il était temps de changer de direction.

Comme je l'ai déjà dit ailleurs, une fois la méthode établie les problèmes deviennent plus clairs et les solutions plus facile a trouver. Et s'il y a une chose que j'apprécie chez L'EST c'est le temps donné aux infographistes pour pousser leur plan assez loin quitte parfois a changer de cap si la solution n'est pas convinquante.

Donc je me suis dit que, comme il n’y a pas mieux qu'une vraie fumée pour faire de la fumée, il me suffirait de placer des rideaux de fumée que je déformerais en 2D sur le passage du gars.

Hélas, aucun élément supplémentaire n'avait été tourné pour ce plan. Et c'est en allant voir les plans dont s'occupaient mes autres collègues que j'ai trouvé un fond de plan intéressant, quelques secondes restante sur un élément de fumée, filmé sur fond noir, destiné a un autre plan.

Ces quelques secondes suffisaient tout juste pour mon plan, et j'avait trouvé ma solution. Le reste du travail est plus classique; rotoscopie du gars qui marche, détourage du décors en plusieurs couches pour ne pas faire une transition trop brute entre l'endroit enfumé ou pas. A cela s'ajoute des subtilités comme les ombres crées par les sources lumineuses a travers la fumée, la lumière des bougies, et même le bout incandescent des cigares fumés par les hommes du fond (vraiment visible qu'en projection) et enfin un mesh warping des couches de fumée pour la déformer sur le passage du gars.

L'effet le plus amusant, et le plus long à faire, était l'animation des 4 petits chapeaux, représentant les Dalton, semant le bordel dans toute l' amérique.

Après une longue gestation sur l'aspect, le rythme, la nature des gags, leur nombre, etc... J’ai réalisé une succession de scénettes en 2D/3D éparpillées dans une carte géante du territoire américain.

Géante était le mot puisque la carte (réalisée par Justine Gasquet) faisait plus de 12000 pixels de base! Autrement dit, impossible qu'After Effetcs puisse gérer une telle dimension, j'ai du découper l'image en huit morceaux, de 4000 pixels sur 3000 tout de même, je les ai rattachés a un calque nul pour pouvoir bouger le tout dans tout les sens et pour zoomer dans la carte a ma convenance.

Ensuite il fallait déterminer la trajectoire des chapeaux sur la surface de la carte et quelle scénette pourrait s'y placer, le comportement des chapeaux devaient refléter le comportement des Dalton. Vu le nombre d'interactions dans l'images, je craint que la plupart aient échappés aux spectateurs, alors repassez-vous le movie joint pour tout voir.

Il y a le chapeau magique de Joe qui est toujours en tête et qui déclenche les actions, celui d'Averell qui est toujours en retard et qui fait des bêtises, on a essayé d'en mettre un maximum et le réalisateur nous encourageait a proposer nos propre idées chaque fois que c'était possible.

Sur ce film il y a eu une partie créative plus importante que d'habitude de la part de la post-prod, et les deux superviseurs, Christian Guillon et Arno Fouquet, n'étaient pas les derniers pour trouver des idées marrantes.